Les journées "Rencontres architecture et sculpture" organisées par l'association littéraire des Amis du
Lac d'Hossegor, nous donnent l'occasion de rechercher les "messages" contenus dans le "symbolisme
ésotérique".
Définition de l'ésotérisme :
L'ésotérisme s'intéresse au langage, aux langues, aux signes, plus généralement à la symbolique des
sciences ésotériques. Ces dernières sont des doctrines de connaissances qui se transmettent seulement
à des adeptes qualifiés. Les choses obscures, secrètes, incompréhensibles pour quiconque appartiennent
aux petits groupes d'initiés.
Les symboles sont des réalités concrètes représentant les idées abstraites difficilement accessibles à l'esprit
ou des vérités cachées. Ils expriment la pensée ou les sentiments. Ce langage des signes imaginaires est basé
sur des vérités jugées inaccessibles au commun des mortels et uniquement compris des initiés. Il suffit de
relire les symboles en approfondissant leur signification. Ainsi on passe du tangible à l'inaccessible, on
s'élève vers le monde de l'esprit et on profite de l'expérience de milliards d'hommes qui nous ont précédés.
En architecture pour faire les plans de la création d'une ville, de ses maisons, de ses lieux de culte, de ses
constructions publiques et ses jardins, l'architecte est l'axe central, le grand créateur au même titre que Dieu
dans l'univers. L'architecte doit faire face à une grande responsabilité de perfection.
L'architecture est à l'image de la représentation que les hommes se font du divin, surtout pour les édifices
religieux.
Les alliances de la terre et du ciel sont les répliques terrestres et les archétypes célestes sur lesquels
l'architecture base ses répères. Comme les Cathédrales, les Mosquées, les Temples... la maison est au centre
du monde, à l'image de l'univers.
LA MAISON :
La maison est en général carrée, s'ouvre au soleil levant, à l'Est. Le maître de maison se tient au Sud.
Les règles de l'implantation de la maison s'effectuent parfois selon la géomancie. Cette science permet à
l'homme de vivre en harmonie avec le ciel. Elle détermine le plan des villes et ses fortifications. Elle sert
aussi à orienter les maisons et les tombeaux selon les règles de la stratégie, c'est-à-dire que comme dans le
grand oeuvre alchimique, les sites doivent s'harmoniser avec les dispositions des astres dans le ciel.
La géomancie se pratique surtout dans l'architecture chinoise. L'architecte opérateur aura sa fonction
personnelle dans cette élaboration savante.
Quelques exemples de maisons :
- La maison arabe :
Elle est carrée, bâtie autour d'une cour carrée où réside en son centre un jardin ou une fontaine.
Ce jardin central évoque l'Eden, il est ouvert à l'influence céleste.
- La Yourte :
Dans le monde Mongol, la maison est ronde et le mât central représente l'axe du monde.
- Les loges :
Dans les loges des sociétés secrètes, en Occident, les caractères cosmiques ont une grande importance
dans l'édification de leurs temples.
Il existe aussi des constructions qui représentent l'intérieur du corps humain. L'ouverture du sommet
du crâne est nommé trou de fumée et fait penser à la cheminée.
La maison du Roi est à la fois une image du cosmos humain et un reflet du ciel sur la Terre. Par ailleurs, la
maison signifie l'être intérieur.
Les étages, la cave, le grenier symbolisent les états d'âme. La cave correspond à l'inconscient et à l'instinct,
au contraire le grenier à l'élévation spirituelle.
La maison symbolise le sein maternel, le refuge, la sécurité protectrice.
Rêves, "l'interprétation de la maison" :
Dans les rêves de maison, l'extérieur et la façade représentent le masque de l'homme. La porte
représente la bouche, les fenêtres les yeux, le toit la tête et l'esprit. Les étages inférieurs représentent
les instincts. Les cuisines sont à l'image des transmutations alchimiques.
Dans la symbolique, en général, les fenêtres de la maison représentent les trois stations du soleil :
Orient, Midi, Occident. Aucune ouverture au Nord où le soleil ne passe pas.
Quand le fenêtre est carrée, elle marque la réceptivité terrestre. Si elle est ronde, c'est une réceptivité
semblable à l'oeil.
La porte ou l'entrée :
La porte de la maison est symboliquement le lieu de passage entre le connu et l'inconnu. Elle invite à son
franchissement. Le linteau de la porte est la représentation de l'arc en ciel, le passage de la terre au séjour
divin. Les ouvertures et les fermetures des portes s'identifieraient aux rythmes respiratoires.
Dans la religion chrétienne, le Christ symbolise la porte du ciel dans l'univers céleste. La Vierge, porte
close d'Ezéquiel, se présente sous l'aspect d'une porte fermée et le retour du Christ comme un voyageur
frappant à la porte. D'autre part, le Christ se proclame vainqueur des portes de la mort dont lui seul à les
clefs et dont on ne peut sortir. La porte évoque une transcendance entre l'accessible et l'interdit.
L'architecture s'agrémente souvent de statues de déesses et de dieux dans les jardins.
SCULPTURES :
Les sculptures de représentations divines aux porches des cathédrales, des églises et des édifices
religieux ont une haute valeur symbolique en référence aux croyances.
Les sculptures symbolisent les enseignes des artisans créateurs. Par exemple pour les professions libérales
(notaires, mairies, édifices civils, tribunaux), les sculptures ont en référence les tables de la loi.
Toutes ces références renforcent la connotation fortement symbolique des porches.
Dans l'architecture des jardins, on trouve beaucoup de statues de Neptune, de Poséidon et de sirènes
pour les fontaines et les espaces verts.
Pour les caves et les spiritueux, les sculptures de grappes de raisins et du Dieu Bacchus ornent les
façades. Tous ces ornements dans les constructions ont des thèmes choisis et recherchés.
Architecture et sculpture sont donc intimement liées.
Aussi l'univers de l'architecture ne se limite pas au fil à plomb et au compas, ni aux figures géométriques
savamment élaborées, gracieusement symétriques et parfaites, absolument calculées. Elle doit s'inspirer de
nombreuses influences traditionnelles de l'ordre du symbole, peut-être même de la métaphysique et de
l'ésotérisme. L'architecte ne doit pas oublier qu'il est le maître d'oeuvre des lieux de vies, de prières, de fêtes
où le sacré et le profane se côtoient en permanence.
L'ARCHITECTURE DANS L'ART RELIGIEUX :
Dans l'art religieux, l'architecture est forte en symbole. Celle des pyramides est géométriquement
parfaite chez les Egyptiens. La construction se rattache au symbolisme des nombres.
Le symbole de la multiplication de 3 par 4 donne 12, nombre zodiacal ; 3 + 4 fait 7, nombre cosmique.
La pyramide formée de triangles élevés sur une base carrée et réunis par le sommet ne forme aucune ombre
à l'heure de midi, lorsque le soleil est à son zénith. L'absence d'ombre figure la pureté de l'âme du fidèle,
assez sage et persévérant pour avoir franchi les unes après les autres les douze portes de l'initiation aux
mystères d'Osiris.
En Grèce, en Egypte et comme plus tard dans le monde chrétien, l'architecture était un des moyens
les plus propres à exprimer la pensée religieuse. Le temple, les cathédrales, les églises n'étaient pas seulement
des constructions conçues pour flatter l'oeil, selon les pures lois de l'harmonie biblique, pour les uns et
ignorées des autres. Chacune des parties avait un sens.
Dans les cathédrales, les colonnes se rapportaient à la vie terrestre.
Au-dessus des chapiteaux et du fronton courrait la frise. Cette frise était à l'image de la pénitence où devait
passer les âmes afin d'accéder aux régions supérieures du monde divin. Au fronton, figuraient des bas reliefs
représentant le dieu auquel le temple était dédié.
Toujours dans l'architecture des cathédrales, les nombres ont une importance pour la symbolique
chrétienne :
- Ainsi, les 3 rangées de 14 colonnes soutenant la nef d'une cathédrale sont les 14 générations allant
d'Adam jusqu'à la venue du Messie.
- Les 4 piliers de base de la tour centrale représentent le Christ.
- Les 24 fenêtres coupées du choeur rappellent les 24 vieillards de l'apocalypse.
- Les 6 couples de colonnes autour du sanctuaire sont les 12 apôtres.
- Les 7 fenêtres qui éclairent sont les 7 dons du Saint-Esprit ou les 7 sacrements (dons : la sagesse,
l'intelligence, le conseil, la force, la science, la piété et la crainte de Dieu).
- Les 3 fenêtres remplaçant les rosaces aux extrémités du transept, dans quelques églises, sont à
l'image de la Sainte Trinité. Celle du milieu plus haute que ses deux voisiines représente le Père.
- Dans la nef, la largeur totale de 136 pieds viendrait du nom du Seigneur, Adonaï.
- La largeur de la nef médiane de 100 pieds viendrait du nom sacré de Jéhovah.
- On a découvert des correspondances entre les dimensions de l'Arche de Noé et l'origine de la
forme des nefs des églises.
En général, le plan d'une église rappelle la croix avec les 2 bras du transept. La forme arrondie
de l'abside rappelle la boucle de l'Ankh de la croix égyptienne. Ce plan représente la clef de la vie.
NOMBRE D'OR :
Beaucoup de cathédrales et de châteaux, il convient de le citer, ont leurs plans conçus au nombre d'or :
1,618. Dans la cathédrale de Chartres, les distances entre les colonnes, les longueurs des nefs, des transepts
et du choeur sont toutes des multiples du nombre d'or mystique.
D'après les spécialistes en ésotérisme, le nombre d'or 1,618 est le rapport magique qui détermine le corps
humain. Ainsi, si on multiplie par 1,618 la distance du coude aux doigts tendus de la main, on obtient la
longueur du bras. Le nombre d'or donnerait aussi les proportions du monde animal et végétal.
STATUAIRE RELIGIEUSE :
Dans la statuaire religieuse, les artistes sculpteurs étaient sous la haute et sage direction des
prêtres. Les statues d'animaux conçues par les bâtisseurs de cathédrales composent un foisonnement
bestiaire de pierre dont le symbolisme donne les clefs de beaucoup d'interrogations.
Il existe trois significations symboliques des animaux :
- Les bénéfiques (taureau, aigle, agneau, cerf, chameau, cigogne, colombe, cygne, hermine, poisson...)
- Les maléfiques (âne, bouc, chat, chauve-souris, écureuil, porc, lézard, loup, sirène...)
- Les ambivalents (cheval, chien, crapaud, lion, licorne, serpent, ours, singe)
L'ARCHITECTURE DANS LA FRANC-MACONNERIE ANCIENNE :
La franc-maçonnerie française remonte à 1721-1772. Elle est obscure et progresse de 1721 à 1738.
Rien ne la rattache aux anciennes confréries de maçon libre, tailleurs de pierre qui construisaient les
cathédrales gothiques. Ce n'est qu'en Angleterre que des sociétés de pensée peuvent être inspirées des
Rose (croix d'Allemagne). Ces confréries opératives sont protégées par leurs franchises.
Sous l'autorité de la grande loge de Londres (1717) sont fondées les premières loges françaises entre
1720 et 1730.
La première loge française de Louis d'Argent (1725-1732) prêche la tolérance religieuse à l'exclusion de
l'athéisme, le respect du souverain et la fraternité humaine. "Liberté, égalité, fraternité" est un slogan
maçonnique.
L'architecte, pour son appartenance au monde de la construction, était initialement lié aux tailleurs
de pierre, aux plâtriers et aux charpentiers. Il faisait partie de la loge, c'est-à-dire qu'il était intégré aux
ateliers réservés pour les constructions des édifices. Autrefois et jusqu'à la renaissance, l'architecte n'était
qu'un ouvrier et il le restait jusqu'à la fin de sa vie, s'il n'appartenait pas à la franc-maçonnerie.
Dans les loges, le rôle de l'architecte était le même que celui des frères servants qui avaient de
nombreux privilèges. Dans la maçonnerie opérative, il tient une place à part, difficile à déterminer.
Dans les Statuts de Bâle, le maître architecte a son banc dans la loge à l'Est et nul n'a le droit d'usurper
sa place.
LA PHYLOSOPHIE DANS L'ARCHITECTURE :
Les grands philosophes et cosmologues, depuis 25 siècles, essaient d'imaginer comment le Grand
Architecte de l'Univers a édifié le Cosmos. A force d'études, de recherches et d'intuitions, ils ont imaginé
un cosmos parfaitement structuré, ce qui se révèle aujourd'hui.
Le philosophe Kepler (1571-1630) rédige à 25 ans un ouvrage où il croit à cette idée fondamentale :
"Le grand architecte de l'univers a édifié le monde à l'aide de 5 solides parfaits". Il montre comment ces
5 solides se disposent l'un dans l'autre. Le soleil occupe le centre de la configuration de ces cubes imbriqués.
On peut construire 6 sphères emprisonnées à l'intérieur de cet édifice. Sur ces sphères s'inscrivent les
orbites des planètes.
Il est donc permis pour nos architectes de laisser libre cours à leur imagination, de créer toutes les
structures possibles sur notre terre et bientôt, dans l'avenir, de construire dans l'espace.
L'ARCHITECTURE LANDAISE :
Hossegor est situé dans les Landes, anciennement appelé le pays de Marensin. Les Landes sont une
région boisée, limitée à l'Ouest par les dunes côtières et l'Océan, à l'Est par les localités de Rion et la Luque ;
au sud ses limites sont l'Adour et Capbreton. Ces étendues sont arides et de faible peuplement. Il y a
beaucoup d'étangs notamment celui de Léon et d'Hossegor. L'exploitation du bois et de la résine a entraîné
une certaine prospérité dans la deuxième partie du 19° siècle.
La maison landaise :
L'ancienne maison landaise est avant tout une charpente en bois du sol au faîte du toit. On a souvent
comparé la maison landaise traditionnelle à une église, c'est dire la forte connotation symbolique de cette
habitation. Les anciennes églises landaises n'ont qu'une nef conçue en trois travées : une nef principale avec
ses déambulations de chaque côté.
La distribution intérieure de la maison landaise obéit à une règle absolue :
La porte d'entrée s'ouvre toujours à l'Est, au levant sur la commune. Cette salle centrale est grande,
éclairée uniquement par de rares ouvertures sur le mur du pignon. Cette pièce est donc sombre et elle
dessert les chambres, toutes situées d'un même côté.
De l'autre côté, se trouvent le cellier, la cuisine et leurs compléments (la souillarde).
La pierre de cuisine est plate et à rebords. L'eau s'écoule directement à l'extérieur par une sorte de
gargouille. Cette pierre est toujours située dans la souillarde. La cuisson est l'apanage de la cheminée qui
occupe un des murs latéraux de la salle commune.
Adossée aux pièces d'habitation et sous le même toit se trouve l'étable. Elle est toujours en contre bas,
au niveau du sol. Les litières s'accumulent jusqu'à un mètre cinquante de hauteur et sont constituées de la
végétation des sous bois (bruyères, genêts, fougères). L'étable s'ouvre par une large porte toujours au
Nord et au Sud, jamais à l'Ouest. Elle a un accès direct aux pièces d'habitations par une porte et une
ouverture appelée "estaoulit" ou "pachedey", sorte de fenêtre carrée qui a une fonction précise tenant d'une
origine traditionnelle inconnue. Les bêtes y passaient la tête et le maître leur donnait du foin depuis la
salle commune.
Le premier étage couvre toute la surface de la maison et de l'étable, le vaste grenier est éclairé par une
unique fenêtre en façade.
Pour conclure, l'architecture d'Hossegor est récente. Elle date des années 1925. Sa renommée a été
accompagnée par l'ostréiculture située autour du Lac. La symbolique de cette architecture est peu visible,
elle est surtout identifiés autour des bas reliefs.
Exposé Guarné Carole.